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Il est des instants que l'on voudrait étirer, car on sait au fond de soi qu'ils seront chers à notre mémoire.
Quand quelqu'un vous parle et fait naître en vous des frissons, c'est le signe palpable de ces moments toujours trop rares.
Plus qu'une interview, je vous propose ce qui est déjà pour moi un magnifique souvenir d'une rencontre chaleureuse.

--.--

 

Lionel : Depuis combien de temps es-tu magicien professionnel ?

Jean-Luc : Ça fera sept ans le 15 septembre.

Lionel : Quelle est la raison de ce choix ?

Jean-Luc : Au cours de mon année de bac, mes parents ont quitté Paris pour s'installer à Nice. Comme c'est une ville qui ne me plaisait pas du tout, j'en ai profité pour partir à l'étranger. En gros, de 19 à 23 ou 24 ans, j'ai travaillé dans le commercial dans différents secteurs. Vendeur d'alarmes, agent de change, courtier en bourse pour finir dans les assurances-vie. Un jour, j'ai signé avec un très gros client, c'était un énorme contrat et donc une très grosse commission. Le client est mort deux mois après. J'ai pris une claque. Je suis assez sensible aux coïncidences bizarres... La théorie du papillon relative aux conséquences de nos actes me plait assez et je me suis dit à l'époque que si je n'avais pas croisé ce client, on n'aurait pas signé le contrat, il n'aurait peut-être pas embarqué sur le bateau sur lequel il a trouvé la mort. Enfin… Voilà.
J'ai donc quitté la société le lendemain et comme mon père tenait et a toujours un petit hôtel-restaurant à Nice, je me suis occupé de la salle durant toute la saison. J'en profitais pour faire de la magie le soir aux clients. Ils me disaient que c'était génial que je devrais en faire mon métier mais ça n'a jamais été mon objectif. Jamais. Finalement, j'ai pris mon sac à dos, je suis allé à New York et j'ai fait 2 ans de magie là-bas. C'est un peu long, mais voilà en gros comment j'ai été amené à la magie.

Lionel : Mais quel était ton niveau à l'époque ?

Jean-Luc : Minable (rires). A part Dynamic Coins, je crois que j'ai tout fait. C'était catastrophique. Je savais à peine faire une levée double.
Le problème c'est que je suis parti avec tout mon argent de poche et au bout d'une semaine, sans mener une vie hallucinante, je n'avais plus grand chose. L'hôtel où je logeais était minable mais, malgré tout, très cher. Il fallait que je gagne ma vie. Je suis allé dans un petit restau dans Greenwich Village. Je me suis présenté, je leur ai montré des tours. Ils m'ont permis de faire du table en table dans le restaurant et ils m'en ont conseillé d'autres. D'un seul coup, j'en faisais quatre dans la semaine. Je n'étais payé qu'au pourboire. Il y avait des soirs à 240 dollars et d'autres à 5. C'était assez précaire. De plus, j'ai toujours eu du mal à réclamer. Je préférais faire bonne impression et je partais en souriant. Aujourd'hui, ça ne serait pas la même chose...
Ensuite, je suis retourné à Nice pendant 6 mois. Je m'ennuyais, je n'aimais pas du tout l'ambiance là-bas, alors j'ai profité d'une invitation à un mariage à Singapour pour partir et rester. Ça devait durer une semaine mais j'ai signé un contrat de 3 mois dans un magnifique restaurant qui venait d'ouvrir. Ensuite, je suis rentré à Paris et j'y suis depuis janvier 2000.

Lionel : Tu es quelqu'un de très impulsif non ?

Jean-Luc : Oui. Oui vraiment.

Lionel : Comment as-tu appris la magie[…]

Jean-Luc : En fait, ça a commencé quand j'étais petit. Je ne me rappelle pas ne jamais en avoir fait. J'ai toujours eu mes boîtes de magie Garcimore ou Majax. Et quand j'ai eu une dizaine d'années, mon père m'a emmené rue Notre Dame de Lorette, à l'Académie de Magie pour m'offrir des trucs inutilisables et très chers ! Une canne à apparition, une bougie en fleurs...

Lionel : C'est donc dans le restaurant de ton père que tu as fait tes vrais premiers pas en magie ?

Jean-Luc : Mon tout premier contrat, c'était à l'hippodrome d'Auteuil en fait. Un gros truc en plus. Le père d'une amie m'avait vu faire de la magie m'a parlé d'une réunion type "Country Club" où des gens faisaient du ball-trap et organisaient des défilés de tigres et de panthères. Je me souviens, je faisais les bicolores, tu sais les jetons qui changent de couleur (RIRES). C'est super les bicolores ! Je faisais déjà les briquets aussi. Il n'y avait que le logo Bic ou un autre. J'ai toujours fait les briquets.

Lionel : Si tu n'avais pas décidé de faire magicien, quelle voie aurais-tu choisi ?

Jean-Luc : En fait, j'ai toujours eu dans l'esprit d'arrêter l'école après mon bac. On m'a un peu formaté dans cette direction. Mais j'en ai toujours fait... Même quand je vivais en Espagne, à Teneriffe, où j'ai travaillé dans un bureau de change. J'en faisais tout le temps.

Lionel : A qui ? En restaurant ?

Jean-Luc : Non, non. Aux clients du bureau de change, à travers la vitre blindée, aux gens que je rencontrais dans la rue. Je faisais des spectacles de fin de séjour pendant les vacances scolaires aussi.

Lionel : Déjà à l'époque ?

Jean-Luc : Oui. Mais déjà quand j'étais gosse. Au nouvel an, je faisais un spectacle pour mes parents et ma famille. Ça fait bizarre parce que j'ai des flash-back là… J'avais une grosse boîte Siegfried and Roy. C'était énorme. Mon père m'avait rapporté ça de voyage.

Lionel : Tu y faisais apparaître un chat ?

Jean-Luc : Mon petit frère (rires !). Je transperçais la boîte avec des grandes épées, plutôt des tiges en bois, et comme j'étais trop petit, je n'arrivais pas à viser le trou opposé dans la boîte et c'est mon frère, de l'intérieur, qui tirait l'épée et l'insérait dans le trou. De l'extérieur, tu voyais l'épée qui partait toute seule ! (Rires !).

Lionel : Pour revenir au temps présent, j'ai l'impression que tu as beaucoup d'activités différentes. Tu fais quoi à part magicien ?

Jean-Luc : Du striptease très tard le soir… Non, sérieusement, j'ai une partie de mon activité où je fais des vidéos de démos pour d'autres magiciens. J'ai commencé avec celle de Laurent Beretta puis Norbert Ferré et aujourd'hui des magiciens me contactent pour que je monte leurs images filmées en un clip dynamique et punchy.
Toujours dans le domaine de la vidéo, il y aussi la création des cassettes ou DVD commerciaux comme No Smoking, Quit Somking et, très bientôt, Mathieu Bich et David Stone.
Tout cela, c'est le jour. Le soir, je fais de la magie en gala pour des sociétés ou des particuliers. Enfin, on a le spectacle MAGICIEN(S) TOUT EST ECRIT qui s'est arrêté depuis le mois de janvier et que nous jouons régulièrement lors de show-case. Voilà, ça fait trois boulots...

Lionel : Tu continues malgré tout à faire des galas et des soirées privées en dehors du spectacle ?

Jean-Luc : Carrément oui. Il faut vivre.

Lionel : Le spectacle ne te permet pas de vivre ?

Jean-Luc : TOUT EST ECRIT est vraiment un spectacle qui fonctionne bien. On l'a vu dernièrement où on a rempli une salle de trois cent personnes… Jamais de ma vie, pas une seconde, j'ai pensé que j'allais devenir magicien. Pas une seule fois jusqu'à l'âge de 24 ans (note : Jean-Luc a aujourd'hui 30 ans). Jamais j'ai pensé être un jour sur scène. J'avais un trac énorme et me retrouver avec mes potes sur scène, au Café de la Gare, avec un spectacle qui fonctionne et que les gens aiment, c'était une claque monumentale. Enfin bref… Ça me fait bizarre…
Donc oui je travaille à coté parce que TOUT EST ECRIT ne nous permet pas encore de gagner notre vie et les galas nous ont permis de jouer le spectacle pendant neuf mois tous les week-ends. Pour revenir au close-up, j'espère simplement que dans cinq ans je n'aurais plus besoin d'en faire pour vivre.

Lionel : Mais actuellement, tu prends plaisir à faire ce que tu fais ?

Jean-Luc : Ah oui, carrément.

Lionel : Pourquoi vouloir arrêter alors ?

Jean-Luc : Je vise à ne plus en faire parce que ça a un temps. Je n'ai pas envie, à 35 balais, finir à quatre ou cinq heures du matin pour nourrir ma femme et les enfants que j'aurai. Mais je prends un plaisir énorme. J'ai fait du restaurant depuis 1997 jusqu'au moment où on a fait TOUT EST ECRIT. Tous les soirs, c'est super dur. Et les galas, c'est bien mais pareil ça a un temps quoi. Si nous, magiciens, on ne vise pas plus que ça…

Lionel : Je comprends. Sinon, dans quel domaine prends-tu le plus de plaisir ? J'ai l'impression que tu es vraiment toi, derrière la caméra.

Jean-Luc : Ah oui vraiment. C'est un peu la direction du moment. Etre derrière plutôt que sur le devant de la scène. Je ne me sens pas vraiment à ma place sur scène. Ce n'est pas là que je suis censé être. J'ai beaucoup plus de plaisir à être derrière, à avoir des idées et à les balancer. D'ailleurs, le problème est que j'ai trop d'idées. Ça cogite tout le temps et quand j'ai en face de moi quelqu'un que j'aime, je suis près à lui décrocher la lune.
Un jour, Norbert Ferré m'a appelé un jour car il voulait que je lui coupe le début et la fin de son passage au Plus Grand Cabaret du Monde. C'est tout. Je lui ai fait mais je ne pouvais pas dormir. A deux heures du matin, je me suis relevé et j'ai travaillé jusqu'à huit heures. Ça a donné un clip d'une minute trente. J'aime tellement son travail que je ne pouvais pas me contenter de faire ce qu'il m'avait demander. J'ai besoin d'aimer pour travailler.
C'est pareil pour David Stone. Là, ça fait deux mois qu'on travaille uniquement sur l'écriture d'un DVD et on n'a pas fini. Ce que j'adore avec les personnes qui ont vraiment du talent, c'est que les idées fusent de partout. En ce moment, je finis la préparation du tournage des deux volumes de Stone. C'est un régal ! Enfin un bosseur, un mec qui a une force de boulot hallucinante. On écrit toutes les séquences, on y met nos goûts, nos délires et on espère que ça marchera ! On a déjà filmé une première partie, on revenait tous les deux d'un gala en province, on avait dormi deux heures et on s'est défoncé, tous les deux. Nous et toute l'équipe. On travaille avec un groupe de gens plutôt hors du commun. C'est ce qui permet un tournage fluide et dynamique. Dix jours plus tard on a montré les premières images montées à tous ceux qui participaient au film, à nos amis, et tous riaient sincèrement. On a compris que ça fonctionnait ! Du coup, on s'est mis à écrire d'autres scènes.
Quand on a un garçon comme David face à soi, on a qu'une envie : qu'il soit heureux parce qu'il est terriblement généreux. Du coup, on se défonce pour lui faire plaisir.
A coté, on a commencé avec Laurent Beretta à imaginer son nouveau numéro de scène. Ça va vraiment être très beau. On visait un peu à toucher le public par les émotions et je crois que nous avons trouvé le lien qui nous manquait. Et quand je dis "émotions", je ne parle pas de larmes mais des émotions, de la peur, de la surprise, etc. De tout ce qui électrise le corps.
Laurent est quelqu'un qui a un talent phénoménal. Et là encore, on se réveille la nuit parce qu'on a une idée et on s'appelle pour en parler. Ce n'est pas compliqué, quand j'aime le boulot d'en face, c'est comme une partie de squash. Les idées rebondissent. Avec ces gens là, tout va très vite. Comme bien souvent on est sur la même longueur d'onde, tout devient évident.

La préparation du tournage de Mathieu Bich. Il devait être 6 ou 7 heures du matin. Mathieu ne devait arriver que 3 heures plus tard. C'est une grosse installation. Relier toutes les caméras, le travelling, les éclairages. Sans ces deux personnes, je ne pourrais absolument rien faire, ils connaissent leur boulot. Les voilà. Romain, au fond, était notre régisseur sur TOUT EST ECRIT. C'est un excellent comédien que l'on verra d'ailleurs dans le DVD de Stone. Il m'aide à gérer l'équipe sur place, les intervenants et surtout, il s'occupe admirablement du magicien. En ce qui concerne son jeu, son texte. Au premier plan, c'est Ludo. Il est là depuis le début. Il connaît tout, du cadrage aux lumières, c'est son métier et il sait le faire. J'ai une totale confiance en ce deux garçons. Je me repose complètement sur eux et ils me permettent de me concentrer sur la création, les cadrages… J'espère avoir la chance de pouvoir travailler longtemps avec eux.

Lionel : Je suis sceptique quand tu dis que tu ne te sens pas à l'aise sur scène.

Jean-Luc : Le truc c'est que je n'ai jamais eu envie de faire ça. Mais je t'assure que c'est la vérité. Par contre, au Café de la Gare, j'ai pris un pied colossal. A Lyon aussi. On a joué devant cinq cents personnes dans un théâtre municipal pour le nouvel an, c'était énorme. Mais le truc c'est que je n'ai jamais eu envie de faire ça. Par contre, à la fin du spectacle au Café de la Gare, c'était tellement bien ! On s'est tous pris dans les bras en coulisse. On jouait tellement gros ce jour là. Il ne faut pas se tromper, je m'éclate sur scène. J'apprécie le moment présent mais c'est plus fort que moi, quelque chose me dit que je ne suis pas vraiment à ma place.

Lionel : Comment te définis-tu ? Magicien ? Vidéaste ? Artiste ?

Jean-Luc : Je préfère que ce soit les autres qui me définissent. Qu'ils disent : il fait ça ou ça. Tu vois ? Mais quand on me demande ce que je fais dans la vie, je dis magicien. Je suis magicien. La vidéo, je fais ça dans l'après-midi pour ne pas perdre mon temps. Je ne dis pas vidéaste, je n'ai pas cette prétention. Quand on a fait quatre vidéos de magie, dont une qu'on a refusé de vendre… Non, je suis magicien.

Lionel : Comment abordes-tu la conception d'une vidéo de magie ?

Jean-Luc : Quand tu fais une vidéo, tu ne fais pas que tenir la caméra. Tu produits une vidéo, tu la réalises. Tu vas chercher de l'argent si tu n'en as pas assez pour la faire, etc. Il faut savoir que le marché de la vidéo est un marché très restreint. Nous, aujourd'hui, un best seller, ça va être cinq cents, mille exemplaires, deux milles si tu as de la chance. Après, il y a des grosses pointures comme Greg Wilson ou Bill Malone qui vont vendre cinq mille exemplaires de leur DVD.
On a donc un marché qui est totalement ridicule ce qui explique d'ailleurs pourquoi les vidéos sont de tellement mauvaise qualité. En même temps, c'est le serpent qui se mord la queue. Parce qu'il n'y a pas un gros marché, on investit un minimum et ça donne des vidéos catastrophiques, qui ressemblent à des productions Marc Dorcel, dont le résultat final est inintéressant. Mais, à partir du moment où tu mélanges les arts, tu mélanges les capacités, là tu fais exploser la magie. Nous, on se contente de nos capacités. Tu prends un danseur qui va faire une grande illusion, ça va être magnifique. Un magicien, il a besoin d'apprendre autre chose qu'une levée double.
Enfin bref… Donc quand tu fais une vidéo, tu mets de l'argent, tu la produis, tu la réalises et puis surtout, tu veux que ton produit soit le meilleur possible pour pouvoir en vendre le plus possible. Pour ça, tu dois mettre toutes tes idées. Il ne faut pas être pingre avec l'artiste que tu filmes. Donner le meilleur apportera une dimension supérieure au résultat. Il ne faut jamais retenir ses idées. Au contraire, tu dois en faire profiter la personne que tu veux mettre en avant, ça vous fera avancer tous les deux.

Lionel : J'ai l'impression que tu ne vas pas rester dans la magie. Que tu vas faire des clips pour un chanteur, des pubs ou autre. Je me trompe ?

Jean-Luc : Le gros, gros regret que j'ai, le seul regret, c'est de ne pas avoir fait une école de cinéma. J'aurais rêvé de faire un truc dans ce genre. Vraiment. J'ai vécu des trucs incroyables qu'un garçon de 19 ans ne vit pas, mais le problème c'est que ça m'a coûté d'être adulte trop tôt. Quand mes potes étaient à la fac, qu'ils picolaient le soir et faisaient la fête, moi j'étais obligé de gagner ma vie. Alors c'est vrai qu'une fois la vidéo de Mathieu Bich, un excellent magicien, un élève de Duvivier, et celle de David Stone terminée, je vais réfléchir à autre chose.
J'ai fait un court métrage, il y a super longtemps, mais c'était catastrophique ! Le stéréotype du premier court métrage du jeune branleur. Donc je pense qu'il faut que je me rattrape à ce niveau là.

Lionel : Tu as envie d'explorer d'autres voies alors…

Jean-Luc : Oui. Et effectivement, j'adorerais faire un clip. Vraiment j'adorerais ça. Je ne peux pas vivre sans musique et toutes les images qui me viennent ne peuvent pas venir sans musique. Tout se base sur le son. Je suis un fou de Radiohead par exemple. U2 aussi, énormément. Je suis convaincu que la musique t'aide à passer des moments. Quand j'ai pas le moral, j'écoute Radiohead et je me dis qu'il y a des gens encore plus tristes que moi (rires).

Sébastien Clergue. Le monde de la magie serait différent sans lui. Il est sur tous les projets auxquels j'ai participé, de la scène aux vidéos. Tous. Au début, il me donnait son avis. Aujourd'hui, je ne conçois pas faire quelque chose sans son expertise. C'est la bible. La référence. En plus, il semble s'éclater sur les tournages. Un petit secret : Sébastien Clergue est incroyablement drôle. Il me fait hurler de rire. C'est un trait que l'on connaît moins de sa personnalité, mais c'est une force terrible. Un tournage est souvent long… Il sait toujours donner l'énergie nécessaire.

 

Lionel : Quels sont les artistes ou metteurs en scène qui t'inspirent le plus ?

Jean-Luc : Je regarde au moins un film par jour. En DVD maintenant car j'ai moins le temps d'aller au cinéma. Et je regarde n'importe quoi. Ça peut aller du gros navet aux films plus simples. Mais David Fincher, Besson, Lelouch, le groupe Jaoui, Klapish. Sinon, si je devais citer un titre de film dans l'immédiat, ce serait Pulp Fiction. C'est bateau et simpliste pour quelqu'un qui aime tourner des vidéos mais c'est un tel chef d'oeuvre ! Dernièrement le film qui m'a vraiment marqué, c'est Love Actually. Un bijou, une perle précieuse. Une leçon de cinéma.

Lionel : Sinon, tu assistes aux spectacles des confrères ?

Jean-Luc : Pas autant que je voudrais. Je suis assez casanier. Je crois que j'ai vraiment bien bougé mais au final, je suis vraiment bien chez moi. Je me suis marié il y a peu de temps et je n'ai qu'une envie c'est que l'on ait un enfant. Je ne suis pas un fêtard, je n'aime pas le bruit…. Et puis quand tu bosses la nuit et que tu passes ton temps à divertir les gens, à un moment tu as envie de te poser. De te ressourcer chez toi.
Par contre, j'adore recevoir. Un bon dîner avec des copains, du bon vin et tout. Mais chez moi (rires). En plus j'adore faire la cuisine, j'adore avoir mes amis à la maison. C'est mon bonheur à moi et je suis au moins content de ça.

Lionel : Parlons, si tu veux bien du spectacle MAGICIEN(S) TOUT EST ECRIT. Tu peux nous raconter la genèse de ce spectacle ?

Jean-Luc : Au tout début, ce sont des amis qui ont voulu qu'Arthur (note : Arthur Jugnot, le metteur en scène du spectacle) et moi nous rencontrions. On a dîné et ça a tout de suite collé. On s'est éclaté. Arthur adore la magie, il était directeur artistique d'un café-théâtre à Angoulême et voulait mettre en scène un spectacle de magie. Mais je suis un énorme traqueur et ça ne m'intéressait pas de le faire tout seul. Comme j'avais déjà commencé à travailler avec Matthieu Sinclair sur des scènes en vue d'un spectacle hypothétique, ça me paraissait être une bonne idée de continuer sur cette voie. En parallèle je fréquentais Sébastien Mossière depuis Watch and Cry. Le trio semblait être une bonne solution, on a donc décidé de faire ça tous ensemble.
Après avoir écrit une grosse partie du spectacle actuel, on l'a joué et ça a bien marché. Arthur voulait le reprendre à la rentrée suivante, Mathieu a préféré se diriger vers autre chose et Julien Labigne est arrivé. J'adore Julien. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui me fait autant rire. Il va aller très loin dans le monde de la magie. Donc, on a tout réécrit en s'appuyant sur la base existante. Julien a apporté toute la partie cartes, c'est un super technicien, et Arthur, Sébastien, Julien et moi avons tout retravaillé pendant six mois afin de bien lier le tout.

Voilà un bon résumé de MAGICIEN(S) TOUT EST ECRIT. Au delà de la magie, il y a l'ambiance. C'est ce que les gens perçoivent je crois. Le manque de sérieux apparent les rassurent sur le stéréotype du magicien et visiblement, ça plait.
Voilà le groupe très tôt un matin, en mai curieusement…

Lionel : Donc, tu n'as pas fait le choix de prendre Arthur Jugnot en tant que metteur en scène. Ça s'est fait naturellement.

Jean-Luc : C'est vrai. Mais surtout, c'est vraiment une question de groupe. Il n'y a pas de " je ". C'est un travail collectif depuis le début. C'est une écriture à quatre. Chacun apporte une idée, apporte ce qu'il aime. On était dans l'appartement d'Arthur. On se voyait quatre ou cinq jours toutes les deux ou trois semaines et on bossait les textes et la mise en scène. Mais le spectacle est en gestation permanente. On ne s'est pas arrêté de bosser après la première. Le tout premier spectacle est très différent de celui d'aujourd'hui.
Le truc hallucinant, c'est que le jour de la première, on ne savait strictement pas comment ça allait se passer. On ne savait pas si c'était drôle, si ça allait faire rire. On a vraiment fait le spectacle que l'on aurait aimé voir en tant que spectateurs. On s'est censuré sur certains trucs mais on a vraiment fait un spectacle à notre goût.

Lionel : Comment s'est passée la première ?

Jean-Luc : Enorme. Mais bon, c'était que des amis dans la salle… Mais oui, ça a marché. J'avais les larmes aux yeux à la fin tellement c'était fort.

Lionel : Où en est le spectacle actuellement ?

Jean-Luc : Aux fondations. Il manque tout. Il manque plein de briques encore pour construire une vraie maison. Mais si un jour ça fonctionne, je crois que la maison va se construire très rapidement.

Lionel : Comment avez-vous fait pour trouver un théâtre qui accepte un spectacle de magie ?

Jean-Luc : Le Théâtre de la Passerelle dans lequel on a joué pendant neuf mois appartient a des gens qu'Arthur connaît et qui nous ont accueillis et permis de travailler chez eux dans d'excellentes conditions. On a fait quelques dates à l'extérieur aussi. On est allé joué à Liège dans un petit théâtre. C'était génial. On a fait quelques séminaires pour des sociétés et on a joué à Lyon l'hiver dernier, le 31 décembre 2003, dans un théâtre municipal. C'était deux fois quatre cent cinquante personnes puisqu'il y avait deux représentations. J'avoue que c'est la toute première fois où je me suis senti bien sur scène.
Avant TOUT EST ECRIT, j'ai eu à faire deux spectacles de scène et les deux fois je me suis retrouvé à l'hôpital. La première fois, je me suis fait un déchirement du plexus solaire et la deuxième, je me suis tout simplement évanoui. Une semaine avant la première du spectacle, on était tous les quatre totalement perdus, ne sachant pas du tout où on allait. Tu imagines notre trac. Mais le jour de la première, j'étais sur scène et le trac a disparu. J'ai lu tellement d'interviews de grands artistes comme Charles Aznavour ou Jacques Brel qui vomissaient avant d'entrer sur scène, et il y avait une vraie raison pour eux, que je me suis dit que vu mon niveau, je n'avais aucune raison de traquer et ça a disparu. De plus, le fait d'arriver à trois sur scène, ça aide beaucoup.

Lionel : Vous avez joué le spectacle combien de fois ?

Jean-Luc : Je crois que nous en sommes actuellement à soixante-quinze fois.

Lionel : Tu dis que le spectacle n'a pas arrêté d'évoluer. Dans quel sens ?

Jean-Luc : Il n'y a aucun changement perceptible par le public. On n'a pas mis de nouveaux tours ou retiré d'autres. Les changements interviennent juste dans la structure du spectacle, dans son déroulement afin de le rendre plus fluide, plus " aérodynamique " en somme.

Lionel : Beaucoup de personnes n'habitant pas Paris se plaignent de ne pas voir de spectacle de magie dans leur région. Est-ce qu'une tournée est envisageable ?

Jean-Luc : La tournée vient généralement une fois qu'on est un peu connu. A moins de trouver des clubs de régions qui, d'eux-mêmes, fassent venir le spectacle, pourquoi pas en s'unissant. Mais a priori, à la base, le spectacle intéresse d'abord les magiciens. Je veux dire qu'à l'heure actuelle la demande part des magiciens. Le public ne nous connaît pas. On a fait quelques passages télé mais sans plus. Mais l'idée de clubs qui se contactent et qui nous proposent de venir fonctionne très bien puisqu'on a fait Liège comme ça. La salle était pleine et au final on aurait même pu faire deux séances.

Lionel : Quels sont les enseignements que tu retires de cette expérience de TOUT EST ECRIT ?

Jean-Luc : Ils sont nombreux… Déjà, on retire qu'il faut beaucoup de discipline et travailler tous les jours. Quand tu penses que tu as bossé et que tu as atteint quelque chose, il faut se dire que ce n'est pas terminé et continuer le travail. Il faut en permanence mettre du charbon dans la locomotive pour qu'elle avance, sinon, elle va s'arrêter tout bêtement et s'essouffler. Tout ce qui va bien peut aller mieux.
De toute façon, naturellement, je ne peux pas concevoir de ne pas appuyer sur l'accélérateur.

De tous les souvenirs sur TOUT EST ECRIT, cette image restera longtemps comme un moment particulier.
C'était le soir de ses 90 ans, lors du salut, je lui ai offert ce bouquet.
C'est ma petite grand-mère.
Je crois qu'elle a compris mon travail le soir où elle est venue.
Aujourd'hui, je pense qu'elle est contente de savoir que je suis magicien.

 

Lionel : Quels sont tes projets à court ou plus ou moins long terme ?

Jean-Luc : Déjà, je finis tout le DVD de Mathieu Bich et ensuite, avec David, on va faire toute l'écriture de ce qui nous reste à tourner pour son DVD. Je descendrai le rejoindre à Saint-Tropez pour finir l'écriture de ce projet qui est de retranscrire en vidéo son booklet Les Secrets du Table en Table. Ça, c'est mon programme pour cet été.

Lionel : Peux-tu préciser le contenu du DVD ?

Jean-Luc : Ça parlera beaucoup de théorie car on a l'impression que dans la production de vidéos actuelle, c'est ce qui manque beaucoup. Par contre, on va essayer de faire en sorte que ce soit drôle à regarder. En tout cas, ce que nous avons déjà tourné nous a fait beaucoup rire, on espère qu'il en sera de même pour les personnes qui vont acheter le DVD. Aujourd'hui beaucoup de monde ont des vidéos de magie, connaissent les effets et donc, s'il faut apporter un plus, c'est au niveau de la théorie. On se trompe peut-être mais on le ressent comme ça.
Il faut aussi que je finisse No Smoking en DVD. J'ai un peu de mal car c'est un boulot monstre. J'ai trois heures de film, je l'ai fait en trois langues, français, anglais et espagnol pour que le DVD s'en aille aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et ensuite, je ne veux plus en entendre parler (rires).
Et bien sûr, on garde en tête TOUT EST ECRIT.

 
 
  Je n'avais jamais eu la chance de travailler avec quelqu'un qui bosse autant. David est une machine. Du coup, ça permet de décupler son propre potentiel. Une idée devient une balle que l'on va lancer au plus loin possible. Tout va vite. David Stone, lui, ira très loin dans la magie, c'est certain. On parlera de lui longtemps. Je l'ai compris la semaine dernière an passant 48 heures en sa compagnie. Il a une idée de son travail, il sait où il va et surtout, comment y arriver. J'espère qu'il aime les images que je tourne de lui, parce que moi, je me régale. Ca fait longtemps que je voulais tourner avec lui. Depuis Quit Smoking. Je l'ai un peu harcelé parce que je savais qu'on allait faire du bon boulot. Mais a ce point, ça, je l'ignorais. Il me fait passer un moment incroyable. C'est une belle aventure.  

Lionel : Tu n'avais pas parlé d'un DVD de toi, avec ton répertoire aussi ?

Jean-Luc : J'aimerais beaucoup mais il faudrait que je l'écrive. Une fois que l'écriture avec David sera terminée et avant les prochains tournages, je pense que j'aurais un peu de temps pour commencer à plancher sur ce projet. J'ai déjà le titre, c'est Blinking Effect.

Lionel : Justement, peux-tu nous parler de cette notion de blinking effect ?

Jean-Luc : J'y tiens beaucoup à cette notion. Le truc, c'est de ne pas appuyer l'effet. Toute ma magie tourne autour de ça. C'est rendre la magie suffisamment accessoire de façon à ce que le spectateur prenne une douche froide au moment de l'effet sans qu'il comprenne si ce qu'il a vu s'est réellement passé. Tout cela vient de la routine des briquets. Du moment de la transposition. Je voyais les spectateurs cligner des yeux en se disant " est-ce que je l'ai vu ou pas ? "
Cette notion peut s'appliquer au texte par exemple. Sur une "line" que personne ne va relever à part peut-être une ou deux personnes qui vont la comprendre. Quand ça marche, je trouve ça génial. Par exemple, j'adore choper des informations aux tables. Je suis à une table mais je laisse traîner mes oreilles sur les tables d'à côté et parfois tu entends des trucs dont tu vas pouvoir te servir d'une façon ou d'une autre par la suite. Ça peut être un prénom par exemple.
Par contre, ce qui est marrant, c'est que mes comparses de TOUT EST ECRIT, pour me vendre une idée qu'a priori je n'aimerais pas, me disent " mais si, c'est un blinking ça ! " (rires !). Ils se moquent de moi mais c'est très drôle. Ils vont me vendre un hamburger en me disant, " si si, mange, c'est un blinking ".
La magie est tellement belle quand elle est subtile. C'est dans ce sens là que l'on travaille le numéro de Beretta.
Donc, mon DVD Blinking Effect sera dans ce ton là. Mais je ne sais pas si je vais le faire. Je ne sais pas si ça va vraiment intéresser les gens. On verra. Si c'est suffisamment bien, peut-être. Et là mes potes vont m'être très utiles pour me dire si c'est bien ou pas.

Lionel : Passons à des questions plus générales si tu veux bien. On dit qu'en ce moment, il y a une espèce d'engouement du public français vis-à-vis de la magie. Tu le ressens ?

Jean-Luc : Oui, tout à fait. Je pense que ça va être une vague de trois ou quatre ans. Et puis ça retombera comme c'est arrivé. Il faut vite surfer dessus et vite s'en aller. Tu vois, plus personne ne pensait à la magie et ça revient. On a eu beaucoup de chance que TOUT EST ECRIT fonctionne.
Des magiciens très importants, ceux qui, pour nous, veulent dire quelque chose comme Duvivier, Merlin, Tommy Wonder par exemple, sont venus nous voir. Ça nous a terriblement encouragés. Mais pour revenir à la question, oui, c'est clair qu'il y a un engouement. Puis il faut voir dans les galas le nombre de personnes qui font du close-up, c'est hallucinant.

Lionel : Tu trouves ça bien ?

Jean-Luc : C'est génial. C'est même parfait pour la magie. Cela illustre bien le fait que les gens ont envie et sont contents d'en voir. Aujourd'hui, les gens savent ce que veut dire le mot "close-up". C'est bien parce que ça fait vivre la magie, ça la dynamise et au final si tu veux faire quelque chose de bien, tu es obligé de le faire mieux que les autres car les gens vont commencer à avoir de plus en plus de repères et pourront se rendre compte que tel ou tel est vraiment bon ou mauvais.
Ils vont pouvoir faire la différence entre le magicien qui leur fait passer un bon moment et celui qui expose sa technique en leur faisant un triple saut de coupe avec un pinky invisible et une donne en second en même temps ! Qu'est-ce qu'on s'en fout de sa donne en second ! Certes, c'est bluffant, mais est-ce que ça fait rêver les gens ? La technique, c'est super bien, mais pour les magiciens. Or, ce n'est pas les magiciens qui nous font vivre, à moins de devenir conférencier professionnel, mais je doute. C'est le public qui nous permet de fonctionner et la moindre des choses c'est de le divertir.

Lionel : Mais tu as malgré tout beaucoup travaillé la technique non ?

Jean-Luc : J'ai eu de la chance qu'on me rit beaucoup au nez à une période de ma vie. Quand je suis rentré des Etats-Unis en fait. J'avais fait deux ans de restaurant, ça ne fonctionnait pas trop mal. Les clients semblaient passer de bons moments. A mon retour à Nice, je me suis retrouvé avec des magiciens qui ne juraient que par la technique. On se foutait de moi parce que je ne savais pas faire un top change ou un bel elmsley.
Je me posais pas mal de questions, car je savais que ça fonctionnait. Mon expérience me montrait que les gens appréciaient et pourtant, mes soit-disant collègues ne faisaient que des critiques. Je me mettais une pression folle à cause de ça. Alors j'ai bossé la technique pour essayer d'atteindre leur niveau, ce qui n'est pas simple car ils étaient vraiment forts. C'était très dur à cette époque et d'ailleurs, dès que j'ai eu l'opportunité de partir, je l'ai fait. C'était insupportable. Tu n'étais rien si tu ne savais pas faire un saut de coupe. La technique ne doit servir qu'à nettoyer tes effets ou à rendre un truc plus facile mais en rien ça ne fait un tour.

Lionel : Y a-t-il un style de magie que tu aimerais explorer et que tu n'as pas encore abordé ?

Jean-Luc : Euh… Non. Je suis vraiment dans mon truc en ce moment. Je fais ce que j'aime. J'adore le mentalisme. J'en fais vraiment beaucoup.
En fait, il y a deux styles de magie que je pratique. La première, c'est le table en table en gala où tu dois en quelques minutes retourner la table et faire en sorte que les gens s'amusent vraiment, de faire venir des gens des tables voisines pour qu'on soit plus nombreux et pour créer une bonne dynamique et ce qui permet aussi de faire moins de tables ! (rires) Ensuite, si ça a bien fonctionné, une fois que j'ai fait mon passage, j'adore me poser avec les gens. M'asseoir pour leur faire des tours plus intimes, plus personnels. C'est d'ailleurs ce qui me manque le plus de l'époque où je faisais des restaurants. En étant dans ces conditions avec eux, tu les fais voyager. C'est ce que permet le mentalisme. Tu leur apportes des moments incroyables. C'est la magie qui me plait au-delà de tout.

Lionel : En tant que spectateur qu'aimes-tu voir en magie ?

Jean-Luc : J'aime toute la magie. J'aime les spectacles. J'adore ça. Il n'y a rien qui me plait plus qu'un artiste. Ça peut être en magie, au cinéma, en musique, etc. Mon jour préféré de toute l'année, c'est le jour de la Fête de la Musique. Voir des inconnus qui sortent leurs instruments, qui se mettent à jouer de la musique ou à chanter… c'est parfois catastrophique mais ce n'est pas grave. La démarche est tellement belle !
Donc j'adore tous les spectacles. Cet hiver, j'ai fait huit cents kilomètres pour aller voir le Cirque du Soleil en Hollande. J'adore rêver. Je veux qu'on me fasse rêver. La raison pour laquelle je fais ce métier, c'est que j'adore les surprises. J'ai tellement peu de surprises que je veux en faire aux autres.

 
 
  On parlait de longueur d'onde, voilà l'image qui définit le mieux mon entente avec Laurent Beretta. On est juste aussi concentré l'un que l'autre. C'était dix minutes avant de rentrer dans l'Eglise, le jour de mon mariage. J'adore cette image. Je crois que quand on bosse ensemble, c'est pareil. On va dans la même direction. On a les mêmes sons qui raisonnent dans la tête…  

Lionel : Quel tour de magie te fait le plus rêver ?

Jean-Luc : Tous les tours de Sébastien Clergue. Pour moi, du point vue magie, et je ne dis pas ça parce que c'est un ami, il a tout compris. Quand il fait un tour, le monde s'arrête. Pour moi le close-up est bon quand, en deux minutes, le magicien t'a transporté quelque part. Voilà.
Pareil, David Stone a une énergie, un dynamisme, une force qui te laissent assis. C'est ça qui me fait le plus rêver. Et puis, sur scène il y a Beretta, Ferré, Copperfield, Jonathan The Amazing.

Lionel : Quel tour aimerais-tu avoir dans ton répertoire et que tu n'as pas ?

Jean-Luc : Tous les tours de Sébastien Clergue (RIRES).

Lionel : Quels sont les artistes qui t'inspirent vraiment ?

Jean-Luc : Le Cirque du Soleil. C'est à mon avis le plus beau spectacle vivant. J'ai dû voir cinq de leurs shows. Je suis allé très loin pour les voir.
Après, le numéro de Norbert Ferré me file les larmes aux yeux à chaque fois.
Il y a aussi un magicien qui me plait beaucoup, c'est Yannick, le vendeur de chez Mayette. Il fait un spectacle au Double Fond. Je suis un inconditionnel de son boulot. Il a une folie que personne n'a. Soit tu aimes, soit tu détestes mais pour moi, c'est énorme. Il a des personnages en magie qui sont incroyables. Son spectacle me fait vraiment beaucoup rire. A la limite, la magie, on s'en fout car il y a un univers tellement incroyable que tu rentres totalement dedans. Il mérite vraiment d'être connu en tant que magicien.
Tu vois, je ne connais pas beaucoup la magie de Duvivier mais un jour Yannick m'expliquait qu'il avait eu une conversation avec Dominique Duvivier qui lui a dit " le jour où tu vas écrire ton prochain spectacle, pense à commencer avec ton final du premier. "
Quand Yannick m'a dit ça, j'ai pris une claque parce que c'est super fort comme concept. Et en regardant des vidéos de Copperfield, je me suis rendu compte qu'il commençait un nouveau spectacle avec " The Flying ". Le numéro où il vole et qui est le final de son show précédent. Tu imagines le cran qu'il faut avoir pour faire ça ? Commencer un spectacle avec ce que tu as de mieux ! C'est super fort. Sachant ça, il m'est arrivé de commencer des galas avec mon final. Mais bon, ce n'est pas du Copperfield.

Lionel : Merci Jean-Luc, on arrive à la fin et j'aimerais te proposer de répondre au questionnaire de Proust ? Es-tu d'accord ?

Jean-Luc : Ohlala… Oui, ok, essayons. Mais je te préviens, je suis vraiment mauvais dans ce type d'exercices. Enfin, bref, essayons.

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Après 10 minutes de réflexion et de silence sur la première question, Jean-Luc me demande si ça me dérange que son épouse Maria vienne à son secours pour répondre aux questions du questionnaire. Bien sûr, j'accepte avec plaisir. Il s'en suit une conversation à trois devant un verre de porto. Un vrai moment magique comme seul sait en créer une atmosphère pleine de chaleur humaine.

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Ma vertu préférée : Maria : La sensibilité
Jean-Luc : Ah oui, c'est vrai ça.

Le principal trait de mon caractère : Maria : La conviction. Il est tellement convaincu de ce qu'il dit et fait qu'il arrive très souvent à obtenir ce qu'il veut.

La qualité que je préfère chez les hommes : Jean-Luc : La moustache…
Maria : L'honnêteté, je dirais, moi.
Jean-Luc : Ah oui, carrément oui. Je suis super naïf et je crois aux mensonges. Je ne calcule jamais. Donc, il faut que les gens que je rencontre soient honnêtes, sinon, je tombe dans le panneau. On perd tellement de temps à calculer… Je déteste ça.

 

La qualité que je préfère chez une femme : Jean-Luc : Les cheveux… Oh la la… Maria, aide moi ! Bon, je vais dire, en pensant à Maria, la gentillesse. C'est nul comme réponse…
Maria : La joie de vivre ?
Jean-Luc : Effectivement… Oui, parfait. La joie de vivre.

Mon principal défaut : Jean-Luc : J'attends trop des autres. Et aussi mon goût affreux pour le morbide.

Ma principale qualité : Maria : Je dirai la modernité dans son travail. La vision qu'il a des choses.
Jean-Luc : Non, non, non, on ne peut pas dire ça, c'est vachement prétentieux.
Maria : Oui… Peut-être…
Lionel : Oui mais si c'est ce que vous pensez, dites-le !
Jean-Luc : Non, je ne pense pas ça. Franchement non. Je dirai que je suis honnête avec les gens. Mais c'est vraiment dur ce truc…
Maria : L'imagination ?
Jean-Luc : Oui, ce n'est pas faux. Et c'est en même temps un énorme défaut car je n'arrête pas de cogiter. Mais pas que pour des trucs biens ou créatifs. C'est parfois insupportable. Je n'en dors pas et en plus c'est épuisant pour les autres.

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis : Jean-Luc : Qu'ils soient là. Je veux qu'ils soient là.

Mon occupation préférée : JLB et Marie ensemble : regarder des films.

Mon rêve de bonheur : Jean-Luc : Avoir un petit garçon.

Il y trois ans, je pensais arrêter la magie. Cela ne marchait pas. J'ai rencontré Maria à peu près à cette période. Elle m'a donné la confiance qui me manquait. Elle voyait que les gens à qui je faisais de la magie retournaient en enfance ou, en tout cas, passaient un moment agréable. Elle m'a soutenu et apporté l'équilibre. Son avis est vital. Rien ne sort sans qu'elle l'ai vu. On s'est marié en mai, ça faisait sept ans que je n'avais pas pris de vacances. On en a bien profité.

 

Quel serait mon plus grand malheur : Jean-Luc : Perdre la vue.

A part moi-même, qui voudrais-je être : Jean-Luc : Un résistant dans la seconde guerre mondiale. Tu vois ? Pas quelqu'un de connu ni rien mais un quelqu'un qui a fait un truc important à un moment donné qui fait que grâce à lui, ta vie va changer sans forcément qu'il s'en rende compte.

Où aimerai-je vivre : Jean-Luc : Je suis heureux ici.
Maria : Paris.
Jean-Luc : Oui, Paris, c'est ma ville Paris.

Mon oiseau préféré : Jean-Luc : Ecoute, j'ai pas de nom en tête mais mon énorme rêve c'est de pouvoir voler.
Maria : Un perroquet… (rires !)
Jean-Luc : Non… Un inséparable…

Mes auteurs favoris : Jean-Luc : Je ne lis pas assez mais j'ai beaucoup aimé L'Alchimiste de Paulo Cohelo. Je sais que c'est banal, mais ce livre m'a beaucoup touché.

Mes compositeurs préférés : Jean-Luc : Radiohead, Lamb, U2 énormément et Massive Attack, entre autres.

Mes héros ou héroïnes dans la vie réelle : Jean-Luc : Ma femme, mon père, ma mère et ma petite grand-mère. Sinon, Bono et Robbie Williams.

Mes héros dans l'histoire : Jean-Luc : Les résistants.

Ma nourriture et boisson préférées : Jean-Luc : Le steak au poivre et le vin de Bordeaux.

Ce que je déteste par-dessus tout : Jean-Luc : La prétention. Je hais, je déteste la prétention. Les meilleurs des meilleurs ne sont pas prétentieux.

Le personnage historique que je n'aime pas : En ce moment, ce qui se passe avec les gars qui égorgent des gens devant des caméras. Ils sont en train de faire l'histoire et je déteste cette idée. Ça se passe aujourd'hui quoi… Je ne comprends pas, ça m'empêche de dormir.

Les faits historiques que je méprise le plus : Ce dont on vient de parler.

Le fait militaire que j'estime le plus : Jean-Luc : Je vais encore revenir sur la résistance. Je ne sais pas comment définir ce que je ressens…
Maria : C'est se battre pour la liberté.
Jean-Luc : Voilà, c'est ça. Se battre pour la liberté.

Le don de la nature que je voudrai avoir : Jean-Luc : Voler.

Comment j'aimerai mourir : Jean-Luc : Je voudrais juste ne pas mourir.

L'état présent de mon esprit : Jean-Luc : Mauvais ! (S'adressant à Maria) Non mais franchement ! Il me fait parler de la guerre, des atrocités, de la mort et il me demande l'état présent de mon esprit ! (RIRES). Pose moi des questions cools et je te répondrai après.

La faute qui m'inspire le moins d'indulgence : Jean-Luc : Le manque d'ouverture d'esprit.

Ma devise : Il y en a plusieurs. " Quand on veut, on peut. "
Il y a une devise en Espagne, mais il n'y a pas de traduction française qui dit que dans toute plaisanterie, il y a une part de vérité. C'est pour cela que j'ai arrêté le plus possible de dire " non… je déconne ! " car quand on dit quelque chose, même pour rire, il peut y avoir une part de vérité derrière. Donc, soit je dis et j'assume, soit je ne dis pas.

Lionel : Alors ? L'état présent de mon esprit ?...

Jean-Luc : Je viens de me marier. Nous avons passé des vacances incroyables. Je suis rechargé comme il faut. Le boulot ne va pas mal et je suis au quotidien avec des gens qui me motivent. Je me sens vraiment bien, en phase avec pas mal de choses. Mais, c'est dans ma nature, je ne peux pas m'empêcher de penser que ça pourrait aller encore mieux.

Paris, mercredi 30 juin 2004

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Crédits photographiques : Jean-Luc Bertrand
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